Présentation du projet :
Autour de l’équipe artistique de Big Up Compagnie, le projet était de constituer, avec un groupe de participantes détenues, une troupe éphémère ayant comme objectif commun la réalisation d’un opéra-rock marionnetik sur le thème de l’imposture.
L’équipe artistique composée de Lucie Hanoy et Chloé Sanchez a proposé aux douze participantes un travail de création autour de 3 axes : l’écriture qui a permis d’imaginer la trame narrative du spectacle ; la fabrication/manipulation où les personnages ont été créés en utilisant la technique de la muppet et durant laquelle les participantes ont appris à manipuler leur marionnette ; la réflexion sur les questions de scénographie pour la construction des décors et le jeu de lumière.
De nombreuses heures d’atelier et de répétition ont permis à ce spectacle de grande qualité de voir le jour et d’être présenté à un public conquis au sein du quartier femmes.
La structure culturelle, la compagnie :
Le Sablier, pôle des arts de la marionnette en Normandie, est né en 2017 de la fusion de deux structures culturelles de l’ex Basse-Normandie : l’Espace Jean Vilar d’Ifs et le CRéAM (Centre Régional des Arts de la Marionnette) de Dives‐sur‐Mer.
Big Up Compagnie a été créée par Lucie Hanoy et Zabou Sangleboeuf. Elle a pour but la création et la transmission dans le domaine du théâtre, des arts de la marionnette, et autres arts associés. Big Up Compagnie défend un théâtre populaire et exigeant, en se spécialisant sur les ateliers et la création avec différents publics, principalement les publics dits « éloignés » de la culture.
Le lieu d’accueil :
La Maison d’arrêt de Caen est située 10 rue du Général Duparge à Caen.
Elle est constituée d’un quartier hommes de 269 places, d’un quartier femmes de 37 places et d’un quartier mineurs de 10 places.
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3 questions à … :
Lucie Hanoy, marionnettiste
1/ Vous aviez déjà proposé le karaoké Luluknet au quartier femmes. Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir ?
Ma venue au quartier femmes pour mener un atelier en finissant sur mon karaoké Luluknet est un souvenir très fort et une expérience très positive. Je me souviens d’un moment de joie et de fête autour de chansons, de moments d’émotion aussi. J’ai pu voir comment la culture pouvait être un espace de joie et de liberté dans une maison d’arrêt et cela m’a donné envie de revenir avec un nouveau projet.
2/ Comment la troupe s’est-elle formée ?
Nous avons présenté notre projet d’opéra marionnette aux détenues volontaires en leur disant d’en parler autour d’elles pour ramener le plus de filles possible. Ce qu’elles ont fait. Nous étions une quinzaine sur le projet et nous avons réparti les tâches en fonction des sensibilités et envies de chacune. Ainsi, il y avait un pôle écriture, un pôle construction marionnette et scénographie et un pôle couture. Puis, toutes les participantes ont joué dans le spectacle ou ont fait la régie.
3/ Pensez-vous que ce projet a eu un impact sur le vivre ensemble en détention ?
On ne peut pas créer un tel projet sans prendre en compte ce que fait l’autre au sein du groupe. C’est ensemble que les filles ont traversé l’écriture, les inquiétudes , les découragements et les joies.
Les filles de la troupe étaient réellement soudées et au service du projet, et aussi dans une projection commune d’un résultat de création. Cela a provoqué une solidarité, une bienveillance et permis des rencontres qui n'auraient pas vu le jour sans la création du spectacle. La création d’un spectacle crée une dynamique de travail où l’autre est un véritable partenaire. J’ai vu beaucoup d’entraide pendant ce projet marionnettique et je sais que les filles ont beaucoup travaillé ensemble en cellule en dehors des temps d’atelier, ce qui crée une autre dynamique, une autre ambiance.