Présentation du projet :

Depuis 2018, Le Portique centre régional d’art contemporain du Havre propose le projet ART-GATEWAYS afin de permettre la rencontre et la découverte de l’art contemporain auprès des personnes placées sous main de justice en milieu ouvert. D’abord sensibilisés, ils s'initient à l'art contemporain en participant à des ateliers de création artistique avec des plasticiens lors résidence en milieu ouvert. Considérant la culture comme un élément majeur dans le parcours de la réinsertion, le projet ART-GATEWAYS est un moyen de valoriser les savoir-faire et les compétences des participants, tout en favorisant la relation aux autres.

La structure culturelle :

Le Portique, centre d’art contemporain au Havre, promeut et valorise la création contemporaine en région. Lieu de production et de diffusion, la structure œuvre au rayonnement de l'art contemporain et présente, dans le cadre de ses expositions, des artistes émergents et confirmés, qui explorent différents territoires de l'art.

Le lieu d’accueil :

Le Service pénitentiaire et de probation de la Seine-Maritime, milieu ouvert du Havre, a pour objectifs d'assurer le suivi à la suite d'une décision de justice, de rendre compte au magistrat de l'évolution des personnes suivies et de prévenir la récidive en impulsant une dynamique de réinsertion. Au 1er janvier 2019, 1770 mesures judiciaires avaient été prises en charge par le SPIP milieu ouvert du Havre.

 

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3 questions à … :

Michael Jillali, Conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation, SPIP Le Havre

1/ Comment est née l’idée d’ART-GATEWAYS ?
Le Portique, centre régional d'art contemporain du Havre, œuvre à la rencontre entre les publics et la production artistique actuelle, que ce soit par le biais d'expositions temporaires ou d'actions hors les murs (scolaires, périscolaires, publics empêchés). C'est dans cette dernière optique que le Portique a soumis au SPIP l'idée d'une action adaptée à ses publics, à savoir des résidences d'artistes permettant un temps de réflexion, de création et de médiation. Cette proposition s'inscrit dans les missions du SPIP, à savoir la prévention de la récidive et la réinsertion des personnes condamnées, au travers - entre autres - de prises en charge collectives ; qui plus est, ces temps - hors thématiques spécifiquement judiciaires (délits routiers, violences conjugales ...) comme régulièrement pratiqués - permettent d'aborder de manière plus transversale les divers champs de la réinsertion, dans un cadre moins formel que celui bordant les entretiens individuels habituellement menés.
Ainsi sont nées les résidences ART-GATEWAYS, soutenues par la DRAC Normandie (protocole Culture - Justice), avec comme double objectif de faciliter l'accès à l'art contemporain et de travailler différemment les pistes de réflexion recherchées au cours des suivis.

2/ Quel est votre rôle dans ce projet ?
Le rôle du SPIP est de porter et coordonner le projet. Le Portique sélectionne les artistes en résidence (paritairement) et prépare le projet artistique alors que le SPIP sélectionne, constitue et prépare le groupe : chaque CPIP propose aux personnes de leur effectif potentiellement intéressées de participer à l'une des deux résidences annuelles, selon leurs dispositions (disponibilités professionnelles et familiales, envie et curiosité...) et non selon l'infraction pour laquelle la personne a été condamnée (contrairement aux autres actions collectives). Ensuite le SPIP assure le bon déroulement de chaque session, notamment en termes d'assiduité (qui s'avère rapidement plus fluctuante en milieu ouvert) puis rend compte de la participation (freins et leviers) à chaque CPIP mais aussi au Portique (aux fins d'amélioration des prochaines sessions) et aux Magistrats (heures de TIG décomptées, horaires de surveillance électronique adaptés...).

3/ Est-ce que le projet permet de déconstruire certains préjugés autour de l’art contemporain ?
Deux groupes d'une dizaine de personnes participent, sur la base du volontariat, aux sessions ART-GATEWAYS sur le principe d'un ''aller vers'' progressif : les séances débutent dans les locaux du SPIP et amènent graduellement au Portique (visite de l'exposition et atelier de pratique artistique à mi-parcours) pour faciliter l'installation et la médiation d'une exposition publique des œuvres produites lors de la résidence en fin de semaine. Ce dispositif offre l'avantage de travailler aux représentations liées à l'art contemporain et ses lieux (''ce n'est pas pour moi''). En revanche, connaissant peu ce domaine et ses pratiques, le public visé nourrit finalement peu de préjugés en la matière, si ce n'est celui - certes prédominant - d'être autorisé (de s'autoriser ?) à y prendre part. En effet, les groupes se sont systématiquement montrés ouverts et disponibles aux propositions des plasticiennes et plasticiens, voire surpris de ce qu'il pouvait y apporter que ce soit en termes de compétences ou de sensibilité (''je ne savais pas que c'était de l'art'', ou ''que je pouvais le faire''). Chaque action a donc permis de valoriser les savoir-faire de chacun, de les inscrire dans un projet collectif et de déconstruire les préjugés qu'ils nourrissent surtout à l'égard d'eux-mêmes (rapport à soi et à l'autre, légitimité de l'expression, place dans la cité, accès aux structures...).

ART-GATEWAYS