Présentation du projet :
Après un mois de répétition et 10 séances, cinq jeunes du relais d’insertion de l’Orne se lancent dans une lecture immersive chargée d’émotion. Après avoir muni chaque spectateur de l’EHPAD de Carrouges d’un casque audio, tous s’installent dans une salle qui s’apparente à un petit théâtre obscurci par les rideaux noirs. Les jeunes, assis à leur place au centre de la scène se concentrent dans un silence harmonieux.
Des images se succèdent, des sons nous immergent dans cette période sombre de notre histoire et le premier jeune prend la parole. Voix posées et rassurantes dont la tonalité est en cohérence avec le sujet, les jeunes vont tour à tour se livrer à cet exercice de rendre vivante la lecture de « récits de guerre ». Ces textes prennent la forme de courrier de soldats envoyés à leur famille avant leur exécution, de discours politique fort qui témoignent des atrocités de la guerre ou encore des témoignages du procès de Bernard Jardin chef du service des agents auxiliaires de la Gestapo d'Alençon.
La structure culturelle, la compagnie, l'artiste :
Le Bureau Information Jeunesse de l’Orne est plus qu’un simple lieu ressource, il est un véritable outil à la disposition des jeunes ornais-es. Il est un vrai lieu d’accueil, d’information, de contact, d’écoute, de rencontres et d’échanges avec des animateurs-rices formé-es pour soutenir et accompagner les jeunes dans leurs questionnements, démarches et projets.
Ouranies théâtre est une compagnie basée à Alençon qui adapte pour la scène différents formats d’œuvres littéraires en cherchant à en restituer les atmosphères et impressions par des propositions de jeu innovantes.
Le lieu d’accueil :
Le Service Territorial Éducatif de Milieu Ouvert de l’Orne est chargé de l’accompagnement des mineurs et des jeunes majeures sous-main de justice faisant l’objet d’une mesure pénale. Il réalise des mesures judiciaires d’investigation éducative au civil et au pénal. Son relais d’insertion de proximité prend en charge des jeunes de 13 à 21 ans, en difficultés scolaires, déscolarisés ou sans activité, faisant l’objet d’une mesure judiciaire. Le but est de permettre la resocialisation du mineur et de créer des relais avec des dispositifs de droits communs.
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3 questions à … :
Maëva, 17 ans ( Prénom modifiée ), jeune PJJ
1 / Comment t’es-tu approprié le projet ?
Au début cela ne m’intéressait pas trop. Je n’aimais pas trop parler des gens qui ont fait la guerre parce que dans ma famille mes grands-parents et mes arrière grands-parents ont fait la guerre. Mes arrière grands-parents étaient juif…et à chaque fois que j’allais chez mon grand-père je voyais cette étoile jaune encadrée au mur qui venait de mon arrière-grand-père et ça me faisait bizarre. Quand j’ai lu les textes qu’on nous a proposé, je suis rentré dedans et ça m’a donné envie d’aller plus loin.
2 / Qu’est-ce qui a été difficile pour toi ?
Au début ce qui a été difficile, c’est d’entendre ma voix avec mes soucis avec les S et je confonds les lettres. Au fur et à mesure, j’ai accepté ma voix, je me suis lancée et ensuite j’y ai pris goût. Ce qui est bien c’est que cela m’a permis de me rendre compte qu’il faut s’écouter avant de parler pour bien articuler et pour ne pas dire de bêtises.
Dans cet exercice ce qui est difficile aussi, c’est de rester concentré du début à la fin même quand les autres jeunes essayaient de me distraire. Grâce à l’ambiance de la salle, j’ai appris à mieux lire. J’ai aimé la représentation avec l’Ehpad car on a pu échangé avec les personnes âgées qui ont vécu la guerre. J’ai été bouleversée. Sur les autres représentations, ce n’était pas pareil car il y avait plus de monde j’étais stressé.
3 / Est-ce que cela a changé ton regard sur la seconde guerre mondiale ?
Se mettre dedans m’a permis de comprendre la violence de la guerre. Le fait d’avoir le casque, les bruits et les musiques, on a l’impression d’être avec eux, j’ai même failli pleurer à un moment. Ça m’a fait repenser à mes grands-parents, à ce qu’ils ont vécu …ça fait bizarre de passer d’un cours à l’école sur la guerre à la lecture de courrier de soldat qui ont fait la guerre et qui sont mort pour de vrai.
J’ai pris conscience que cette période de l’histoire a été terrible et que c’est important de ne pas oublier car il y a des millions de personnes qui sont décédées. J’espère que cela n’arrivera pas de nouveau, mais on ne peut pas prévoir l’avenir…