Présentation du projet :

La Compagnie Sur le Pont a proposé à un groupe d’hommes incarcérés un parcours artistique autour de sa création chorégraphique MurMur. Dans cette performance chorégraphique et sonore, la danseuse se retrouve face à un mur et développe une manière singulière de se mouvoir pour le traverser.

Aurore Del Pino, chorégraphe et Joris Chrétien, créateur sonore et interprète, ont partagé leur univers et accompagné le groupe de danseurs novices dans un processus de création artistique qui leur a permis de fabriquer du commun, tout en laissant place à la singularité de chacun. En éprouvant leur corps dans la relation à cet objet artistique, les participants ont pu entrer dans la danse et se dépasser. À partir de propositions corporelles, sensorielles et poétiques, ils ont élaboré leur propre réponse chorégraphique finalisée sous forme de vidéo-danses.

La compagnie :

Fondée en 2009, la Compagnie Sur le Pont développe une démarche chorégraphique en itinérance. Son geste artistique s'inscrit dans un élan vital pour explorer les passages entre soi et l'autre.. Sous l'impulsion d'Aurore Del Pino, la danse se déploie dans ses rencontres avec des artistes pluridisciplinaires à travers la création de spectacles, de performances, de vidéo-danses et d'expériences participatives avec les publics. 

Le lieu d’accueil :

La Maison d’arrêt de Caen est située 10 rue du Général Duparge à Caen.
Elle est constituée d’un quartier hommes de 269 places, d’un quartier femmes de 37 places et d’un quartier mineurs de 10 places.

 

3 questions à … :

Aurore Del Pino, chorégraphe

1/ D’où vous est venue l’idée de proposer ce projet autour de la thématique du mur en détention ?

L'idée n'est pas venue directement de moi, même si l'envie m'avait déjà traversée et que ma démarche artistique m'amène à rencontrer des publics très variés. Nous avons joué notre spectacle MurMur en 2018 à l'Établissement public de santé mentale (EPSM) de Caen. La référente Culture et Santé de l'EPSM (Françoise Zielinski) et la médiatrice culturelle du Musée des beaux-arts de Caen (Marjolaine Maurice) m'ont partagé leur sentiment que cette création devait être partagée en détention. Elles m'ont mise en relation avec la coordonnatrice des actions culturelles du SPIP du Calvados (Emmanuelle Giraud) avec qui nous avons imaginé conjointement le parcours pluridisciplinaire autour de MurMur.

2/ Comment les participants hommes ont-ils adhéré à ce projet de danse contemporaine ?

J'ai été accueillie avec beaucoup de respect de leur part, et les résistances à la pratique de la danse qui étaient parfois présentes au début ont pu se dépasser grâce à l'aspect pluridisciplinaire et poétique du projet. L'aspect martial de la danse que je proposais a également facilité leur implication physique tout en permettant un relâchement musculaire. Le travail avec l'objet-mur a été un appui pour se détendre, sentir son corps, revenir dans sa sensorialité, se donner un support d'expression et d'élan. La fabrication d'une vidéo-danse a mené le groupe vers plus de solidarité et d'esprit d'équipe en permettant à chacun de s'impliquer à sa manière dans le processus de création.

3/ Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?

C'était une expérience très riche humainement que je ne saurai pas trop encore formuler. Je sais que j'aimerais y retourner. C'était également riche artistiquement puisque nous avons créé ensemble des vidéo-danses que je n'aurais jamais imaginées ailleurs.

MurMur